The Mysterious Worlds of Patrizio Di Renzo

Eight short stories, unfold across these pages and each has its own inherent motif, form and rhythm. Each series wears a particular color, as if the book housed a confrontation of different styles, as if the photographer were trying out different styles or writing.

Patrizio Di Renzo key concern is to spirit the viewer of his images into another universe, far from the real, from the everyday. Patrizio Di Renzo uses photography to say something other than what is usually says, and above all to undertake journeys into the imaginery, into the beyond.

[Dream 45] - Une impératrice black défie de sa moue tapageuse l’oeil du photographe, le coude appuyé sur un horizon de sable... Compagne d’arbres cadavériques, aux ombres plus noires que la nuit, sur le sol salé de ce lac asséché. Peaux de bêtes, grigris et plumes de faisans habillent la femme sorcière marchant sur un sol que la chaleur - d’étuve - craquelle et pulvérise. La reine ébène trône sur son fantomatique no-man's-land, que le photographe, aussi metteur en scène, habille, de-ci, de-là, jetant ces draps de latex blanc aux troncs d’arbres orphelins de leurs feuillages.... Un oiseau passe, migrateur égaré sur le désert mutique...

[Kill by Chloé Sévigny] - La ville qui ne dort jamais abrite une éthérée rêveuse... Sur le damier lumineux des buildings insomniaques, Chloé, mi-dame, mi-pute, traîne sa blondeur sous les néons blafards... Robe rouge à grosses fleurs, une blondeur et un flegme de Greta fatiguée, peut-être junkie... Pâle, aux traits de poupée, elle offre sa bouillle de starlette au photographe mangeur de femmes, soumise et confiante, dévoilant ses bas et un collier de perles sur un bustier noir et transparent... Les yeux font le reste... Les siens, peints de noir, et ceux de l’artiste, toujours sur le qui-vive... Deux talons aiguilles dévisagent un journal froissé sur le sol trop froid de cet hôtel de passe, dans la ville qui ne dort jamais...

[Banshee] - Ailleurs, la tête tourne sur la flaque d’automne saupoudrée de feuilles mortes et griffées des arbres dépossédés de leurs étés. Deux jumelles fantômes sourient sur une prairie auburn... Paysages où Arthur, Merlin et Viviane pourraient danser une valse... Une Viviane aux yeux rimmels surgit d’ailleurs, qui fixe, marmoréenne, l’objectif rêveur, et l’image devient floue sous ce regard en songe, pénétré du soleil filtrant à travers un branchage étriqué et complexe. La fée à la robe de brume, marche sur l’eau du lac, non loin d’un amazing labyrinthe dans sa gaze de brouillard, aussi... Une autre sorcière, pendant septentrional de l’impératrice de Nubie, ses cheveux blonds célestes sur la robe en pleur digne d’une Barbara... Et les feuilles tombent, mortes et exsangues, dans leurs rouges sanguins.

Trois ambiances parmi bien d’autres, toutes suggestives, saisissantes, entre mode, poésie, rêve. Patrizio di Renzo enlève des femmes - souvent fameuses (Chloé Sévigny, Devon Aoki, etc) - dans son univers, lascif, empesé, où les fleurs mêmes - [Merlin's dream] -, photographiées comme dans un tremblement, floues, ont ces airs vaginaux ou clitoridiens, vénéneuses, enivrantes... femelles... Les huit courts-métrages photographiques ici proposés par les éditions Assouline constituent autant d'approches originales convergeant vers “un même principe de déréalisation”... Jouant de couleurs dessaturées et de vitesse lente, le photographe de mode, mu par des parrains illustres – Poe, Fellini, Lynch, Burton, Kubrick ou Dali encore – part du réel pour mieux le travestir. Et l'on s'emporte dans son sillage, pour un daydream halluciné...

Bruno Portesi

( Mis en ligne le 24/05/2006 )